Un Dashboard à la sauce BI, pourquoi pas ?

« Carole, les données Xiti doivent remonter dans {XYZ}. Il faut aussi y mettre les données des campagnes mailing et les données de {ABC} ».

Comprenez par {XYZ} l’acronyme de l’outil de Business Intelligence utilisé dans l’entreprise et par {ABC} le cœur de nos conversions ultimes, savoureuses résultantes des actions menées via nos sites, nos campagnes, notre notoriété et tutti quanti.

Cette demande formulée par le HiPPO en personne m’a été relayée par mon manager direct il y a plusieurs mois .
Une demande positive qui permet de projeter des actions à moyen terme pour mettre en œuvre un pilotage par la donnée.

Mode projet activé

Les choses étant ce qu’elles sont, j’endosse mon costume de chef de projet.
Passage par l’étape 1 de l’identification plus précise des besoins.
J’ai la chance de pouvoir rencontrer le HiPPo en personne. Là encore, une bonne chose.

  • « Les données Xiti ? »
  • Desquelles parlez-vous ? »
  • « Toutes ? »
  • « On bascule tout dans {XYZ} ? »

Ah…

Quand on est entouré par le HiPPo et son manager direct dans ce type d’entrevue, la marge de manœuvre peut être étroite : je ne pars alors pas dans une longue allocution à propos d’une non pertinence à remonter trop d’éléments… qui ne parleront pas à tous, qui ne seront pas raccrochés à des objectifs Business… Et pas la moindre lueur de KPIs à proposer à ce moment là.

Et je suis de toutes façons confiante : j’ai tout de même des personnes un tant soit peu à l’écoute, il va être possible de « faire les choses bien ».

Donc on avance !
Modélisation des besoins dans le document qui va bien, avec de beaux schémas des différents flux de données issues de l’outil Web Analytics, certes, mais aussi de différents CRMs internalisés ou externalisés …

Puis étape d’évaluation des ressources nécessaires : humains et nature de compétences couplées avec l’indéfectible facteur budget entre autre.

Je jalonne ensuite les différentes phases nécessaires.

Bref, une gestion de projet comme une autre avec un chef d’orchestre qui coordonne un ensemble d’actions et d’individus.

L’impact de l’organisation

J’ai dit individuS ?
En l’occurrence le projet a concerné 2 personnes, un membre de la DSI et moi-même.

Dans mon terrain de jeu existe un fait, juste un : la business intelligence est un projet du service IT. Toute implémentation s’inscrit dans un système d’informations plus large. Les projets sont étroitement imprégnés d’une « vision IT ».

Il faut donc réussir à communiquer et monter un tableau de bord avec en ligne de mire deux visions différentes : traitement de flux d’information normés versus tableau de bord e-marketing par exemple.

Il faut aussi que le passage d’informations soit fluide entre les personnes.
Dans mon cas de figure je ne suis pas informée des mises à jour de l’outil de Business Intelligence, et j’ai pu voir de nouveaux types de graphiques arriver que je n’aurai pas forcément utilisés pour restituer telle ou telle donnée.

Éléments à prendre en compte

Dans ce type de projets, plusieurs points entrent en ligne de compte, ceux qui me viennent à l’esprit :

  • L’organisation de l’entreprise mentionnée plus haut
  • Les compétences
  • La ressource (les fameux jour/homme )
  • La communication
  • La data au sein du système d’informations de l’entreprise :
    • Sa confidentialité
    • Sa provenance
    • Sa structuration

Pour mener à bien le tout, il faut savamment équilibrer les forces et faiblesses de l’ensemble de ces points, peser le pour et le contre de telle ou telle option.
On peut être confronté aussi à une impossibilité structurelle.

Exemple !

Mon outil de web analytics offre de superbes possibilités d’exploitation des données via une API.
Mais je n’ai pas les compétences nécessaires pour l’exploiter, mon correspondant sur le front IT non plus. Le budget pour externaliser une prestation se réduit à peau de chagrin.

Quand on ne peut pas passer par la grande porte… On doit donc emprunter l’issue de secours 😉
Et faire accepter qu’on va avancer étape par étape, sans « tout » remonter en une seule fois.

Il s’agit aussi de faire rentrer à la truelle et matcher des données qui vivent sur un cycle « année civile » avec des identifiants « saisonniers »  internes à l’entreprise, profondément liés à son cœur d’activité.

Ma sortie de secours à consisté à accueillir à ce moment là :

  • des fichiers CSV par centaines, digérés et retraités par mes doigts magiques,
  • le XML Power, poussé via FTP, extrait et mouliné via script interne autorisé.

Et miracle … un premier pas est franchi.

Il est beau mon tableau de bord !

Enfin arrive cet instant magique où un premier résultat est là :

  • des courbes de pages vues et visites clairement corrélées à une période qui n’est pas un « simple date à date », secteur événementiel oblige  (Ai-je dit qu’elles ne sont pas si évidentes à obtenir via mon outil WA préféré ?)
  • des histogrammes de conversions.

Et quelque part je suis déçue.
Déçue par ce sentiment d’être à des années lumiere du tableau de pilotage business que j’imaginais.

Mais côté utilisateurs, il y a des satisfaits, oh oh, cela donne à certains une information qu’ils n’auraient jamais été cherché directement dans l’outil d’Analytics.

Donc finalement, la déception, on la mets de côté, on garde le cap et on avance !
Les jalons suivants sont identifiés, petit à petit la restitution des données évoluera. Il y aura une V2, une V3 …

Que faut-il privilégier finalement ?
Faut-il mettre en place un rendu « pauvre » en terme de pertinence et d’actionnabilité ?

Probablement :

  • Oui : mieux vaut un petit quelque chose qui évoluera dans le temps que rien du tout.
  • Non : cela impacte négativement la valeur de la data.

Je n’ai pas toutes les réponses.

Un autre éclairage ? Je vous suggère la lecture d’un excellent -et récent- billet  qui traite des possibilités de reporting des outils de Web Analytics et introduit la notion de frontière à trouver avec la Business Intelligence : Le reporting : point faible des outils de Web Analytics.

(9 commentaires)

  1. Ha Ha !

    Excellent article et projet intéressant « sur le fond », mais c’est sur la forme (de la demande, j’entends) que ça me fait rire.

    Et puis, je cite : « via script interne autorisé. » Oh punaise, c’est loin et ça me manque pas bizarrement 😀

    1. Oh merci ! Oui projet intéressant sur le fond !

      Je comprends bien pourquoi certaines choses ne te manquent pas hein…
      C’est plus agréable d’être affranchi de certaines contraintes « outils et manip’ autorisés » 😉

      Mais allez, je suis sûre qu’il y a tout de même quelques petites choses qui doivent te manquer 🙂

  2. Article très intéressant Carole.
    Par curiosité, « des courbes de pages vues et visites clairement corrélées à une période qui n’est pas un « simple date à date », secteur événementiel oblige », si je comprends bien, cela signifie une courbe sur une période avec seulement quelques jours sélectionnés (ceux liés aux événements) ?

    1. Merci Rémy !

      Pour répondre à ta question, il y a deux facteurs :
      – l’événement, qui a lieu tous les 6 mois, tous les ans ou tous les deux ans, jamais aux mêmes dates stricto senso
      – la pratique interne qui consiste à regarder des indicateurs avec la notion N semaines avant l’événement.

      Concrètement, j’ai plutôt 2 types de courbes, personnalisées par événement :
      – 1 courbe ‘large’ pour une période qui peut s’échelonner de 100 semaines à 30 semaines avant l’événement
      – 1 courbe ‘zoom » pour disons les 10 dernières semaines avant l’événement, instant où notre trafic et autres indicateurs commencent à évoluer significativement.

      Bien sûr, je pourrais personnaliser mes périodes de comparaison avec la NX pour avoir sensiblement le même type d’informations.
      Mais quand je montre à mes utilisateurs comment le faire, lorsqu’ils font la démarche de se connecter à l’outil, ils oublient la manipulation d’une fois sur l’autre et cela suppose qu’ils aient en mémoire les dates précises de l’événement antérieur…

  3. Hello Carole,

    Merci pour cet article, c’est toujours un plaisir de te lire !

    Sacré projet de relier les données Xiti aux différents outils CRM (d’autant plus lorsqu’il faut faire avec les moyens du bord) ! Je découvre tout juste le métier de web analyste mais j’ai rapidement remarqué que développer des outils décisionnels était un enjeu majeur pour les entreprises. Tôt ou tard il faudra que je mette sérieusement à Business Object 🙂 !

    Bon courage pour ce projet et à bientôt !

    Florian

    1. Merci pour ce commentaire et le courage Florian !

      Relier les données, oui, pourvu qu’elles aient du sens.
      Je te rejoins sur l’enjeu, plein de projets nous attendent. C’est ce que j’aime dans ce métier !

      A bientôt 🙂

  4. Super intéressant comme d’habitude 🙂
    je retrouve cette problématique chez l’un de mes clients. On veut tout mettre sous BI, mais on ne sait pas vraiment quoi (web analytics, e-mailing, ventes.)… Et pour le moment je n’ai pas de ressources (si moi) 🙂 Comme souvent, on veut un mouton a cinq pattes, et si possible gratuit ^^

    Pour le moment, j’ai opté pour le peu de choses, mais évolution dans le temps, surtout parce que mon client est tout de même assez avancé dans tout ce qui est « données ». Même s’il aura peu de données au départ, il saura quoi en faire.

    1. Merci pour ce retour d’expérience Pierre 🙂

      C’est rassurant de voir que nous rencontrons des problématiques communes et que nous avons opté pour le peu de choses avec évolution dans le temps, notamment compte tenu du facteur « ressources ».
      Bien vu de souligner que ton client saura quoi faire des ses données, c’est un élément plus qu’important !
      De mon côté, ce n’est pas toujours le cas, fonction de l’interlocuteur, mais les choses évoluent au fil des mois et des années.

      Charge à nous de composer et tirer le meilleur parti de ce dont on dispose !

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