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Un dénominateur commun à tout ces termes : l’analyse. Que signifie analyser ?
« Opération intellectuelle de décomposition d’un tout en des éléments et leur mise en relation. » Source L’internaute – Dictionnaire
« En logique, méthode par laquelle on remonte des effets aux causes, ou des conséquences aux principes, du particulier au général, du composé au simple. L’analyse est l’opposé de la synthèse. »Source Définitions Web Marketing
Je parle d’analyse, à toutes les sauces, le matin, le midi, le soir.
Pas encore la nuit pendant mon sommeil, mais parfois je me surprends à parsemer d’analyse mon quotidien personnel, ô pauvre conjoint qui s’entend dire « quelle analyse en fais-tu » pour telle ou telle problématique rencontrée dans sa journée !
Reporting ou Analyse ?
Dans ma vie d’analyste, j’ai pourtant longtemps commis l’erreur de confondre Reporting et Analyse.
Il est si facile de tomber dans ce piège.
Après tout nous disposons de bons outils qui peuvent produire relativement simplement de beaux rapports qui contiennent la liste d’indicateurs que l’on souhaite.
Et il est si simple d’automatiser l’envoi de ces rapports. C’est fluide, c’est transparent, ça ne mange pas de temps.
Il est nécessaire d’exploiter des outils pour obtenir des données : si on ne collecte pas d’informations il est difficile de ressortir quoique ce soit. Mais un rapport automatisé ressort-il une analyse ?
Non, je crois bien que seul l’Homo Analyste peut dégager de la valeur de cette masse d’informations.
A la recherche du temps perdu
Mais quand avons-nous le temps de la faire cette sacrée analyse !
Combien de temps passé :
- à collecter des données ?
- à les rassembler avec leurs sources de plus en plus hétérogènes (vive la démultiplication des outils !)
- à s’assurer de leur fiabilité ? (sans foi, les données n’existent pas)
- à les compiler dans un tableur, faire des calculs, les trier, les triturer ?
Et je ne parle pas de toutes les tâches de fond qui vont contribuer à la diffusion de la culture de l’analytics dans l’entreprise !
Combien de fois s’être dit à un moment donné : « Je suis en retard, envoyons donc les chiffres, je suis déjà trop à la bourre pour commenter… ». Hop, un clic sur le bouton Envoyer, le rapport part … sans analyse.
Pas de contexte, pas d’analyse ?
Admettons que j’arrive à dégager le temps nécessaire … quelle analyse sans contextualisation ?
C’est un mot clé qui m’a interpellé lors du WA Camp du vendredi 18 mars dernier.
Effectivement sans contexte, on peut fait dire ce que l’on veut à des chiffres.
Je fais comment moi du haut de ma transversalité ?
Le contexte je ne l’ai pas. Pas site par site du moins. Du contexte « global », oui, de par les choix technologiques et stratégiques opérés.
Mais je ne suis pas en mesure:
- de réaliser des analyses avec ce type de constat : « Un gros pic de trafic avec baisse des conversions »,
- de corréler (par exemple) cette information, après investigations, avec une campagne x, y ou z qui n’était pas ciblée d’une manière optimale,
- puis d’en ressortir une recommandation.
Si je n’ai pas ce type de contexte, je ne peux donc pas faire d’analyses ? Faut-il que je change de registre et d’employeur pour enfin atteindre le Saint Graal ?
Oui et non.
J’ai choisi de balbutier sur les friches des KPI que j’ai identifié. Je ne parle pas de ceux qui permettent de piloter un site au plus près, non.
Je parle de ceux dont je pense qu’ils sont décisionnels.
Chaque jour qui passe j’apprends à marcher sur ce chemin. Il est long, tortueux parfois, mais je suis tenace ! (Rappelez-vous : patience et ténacité sont des qualités essentielles 😉 )
Mon vécu (contextuel à l’organisation dans laquelle je suis) m’amène à penser qu’il y a plusieurs niveaux d’analyses, opérationnels, stratégiques, décisionnels : une analyse contextualisée par cible en somme.
Le même type de cibles que pour des tableaux de bord en définitive.
Est-ce que je réalise ces différents types d’analyse à l’heure actuelle ? Non ! Mais je suivrai cette voie, là où mon instinct me porte.
De l’usage de l’analyse
Quand on arrive à la faire, cette analyse que je tourne en boucle tout au long de ce billet : qu’est-ce qui en est fait ?
Elle n’est pas présentée juste pour faire joli !
Le but de jeu consiste à élaborer des préconisations et des recommandations pour améliorer une performance. Désolée, je me dois de dire qu’elles ne seront pas forcément appliquées. Oui l’analyse apporte un terrible lot de frustration parfois 😉
Alors, on ne fait rien ?
J’ai passé plus de deux ans à « procédurer », former, stabiliser et je commence enfin à pouvoir profiter des fruits de ce long travail.
Le plan de marquage est il optimisé pour tous les sites que j’ai à piloter ?
Non pas vraiment, faut-il pour autant que je sombre dans l’immobilisme ?
Non ! Je ne vais pas passer à côté de l’analyse.
J’ai mis en place des KPI, même si je n’ai pas l’ensemble des mesures, je ne vais pas me priver d’analyser !
Et soit-dit en passant, c’est bien joli de mesurer tout ce qui passe mais enfin bon … Trop de mesures tuent la mesure !
Étais-je pratico analyste hier ? Pas du tout !
Suis-je pratico analyste aujourd’hui ? Un peu…
Serai-je pratico analyste demain ? Passionnément !
Et un jour peut-être, j’atteindrai mon Everest de l’analyse prédictive.
Merci Carole pour cet excellent article 🙂 !
Tu montres très bien toute la difficulté du Web Analyste, tiraillé entre l’envie de tout mesurer et la volonté de faire des recommandations stratégiques sans se perdre sous une multitude de chiffres et de données.
J’espère aussi passionnément que demain je deviendrai pratico analyste. En attendant, une bonne pratique peut être de faire le test du « So What? » (http://www.kaushik.net/avinash/2010/03/kill-useless-web-metrics-apply-so-what-test.html)
Merci Florian !
Oui il est souvent difficile de ne pas céder à la tentation de mesurer tout et n’importe quoi, d’autant que la demande de mes utilisateurs va aussi dans ce sens !
En guise d’alerte j’ai affiché au bureau une maxime trouvée il y a quelques temps via Twitter : « Measuring everything can be as much waste of time as measuring nothing. Move from WTF to KPI! »
Bien vu pour le « So what » de Avinash (son blog est une véritable mine d’or) 🙂
Bonjour,
Ce billet décrit exactement ce que je ressens dans mon travail quotidien. Et je ne pense pas être le seul.
Je suis partagé entre la volonté d’en finir avec le reporting et de passer aux recommandations et la peur d’induire en erreur l’entreprise parce qu’il me manque le contexte.
Pour éviter cela, j’essaye de focaliser mon travail sur la révélation de problèmes et d’émettre des hypothèses de causes possibles. Je me tiens ensuite à la disposition des gens du métier pour passer en revue ces hypothèses et aider à déterminer les actions à mener.
Comme tu le dis, il nous manquera toujours le contexte, même si on interroge à fond les personnes concernées.
De plus, si on détermine les actions avec les gens du métier, elles auront plus de chances d’être mises en place. Je pense que c’est dans un dialogue entre l’analyste et les spécialistes de l’entreprise que les meilleures recommandations peuvent émerger.
Merci encore de nous faire partager ton vécu.
Benoit
Bonjour Benoit,
je suis heureuse d’avoir lancé ce blog ne serait-ce que pour le partage d’expériences via les commentaires !
Le fait de savoir que l’on n’est pas seul(e) à vivre telle ou telle problématique fait déjà.
A mon tour de te dire merci de partager ton approche pour pallier le manque de contexte, je pense déjà à un cas pratique d’application.
Au final, et tu le soulignes bien, la clé fondamentale reste le dialogue.
A bientôt,
Encore un très bon article sur l’analyse Web, dans lequel on comprend bien à quel point un analyste web peut être submergé par des informations superflues.
Quand tu parles d’automatisation des rapports, j’avoue que cela devient une plaie pour les agences. Quand je travaillais pour l’une d’elle, on automatisait presque tous nos rapports, et on ne nous laissait jamais le temps de l’analyse avant l’envoi aux clients et aux commerciaux. L’outil se révèle alors contre-productif…
Je ne sais pas si ça peut être rassurant (!?), mais j’ai vécu (et vis encore) le même schéma de rapports automatisés en interne. Ça évolue doucement, fonction aussi de ce je peux apporter dans ma marge de temps disponible…
Merci en tous cas pour ce retour sur les rapports automatisés côté agence, je vois que nous partageons les mêmes « frustrations » 😉
Bonjour Carole. Il est très intéressant ton article, il décrit bien la frustration que l’on ressent à un certain moment en tant qu’analyste.
De mon coté j’ai vécu aussi cette situation, mais maintenant j’ai la chance d’être dans une agence où je suis dédié (en théorie) à 100% à l’analyse.
Dégager plus de 50% de mon temps à de l’analyse pure, m’a permis de prendre mon temps dans l’observation et surtout j’ai bien senti la différence que tu décris entre l’analyse et le reporting. Un (bon) rapport est en général une synthèse : des KPI généraux montrant la performance global à un instant. L’analyse c’est le contraire, c’est la décomposition de ces KPI en tous ses constituants pour comprendre quels sont les facteurs qui influent sur la mesure. L’exercice est complètement différent à tel point que j’ai maintenant l’habitude de faire deux documents lorsque je dois présenter les deux parties.
Par ailleurs le test du So what est souvent celui que j’essaie d’appliquer le plus possible pour passer toutes les étapes vers la recommandation : observation => analyse => insight => recommandation. Lorsque que l’on se pose toujours cette question « Et alors ? » ça force à ne pas s’arrêter en cours de route. Analyser c’est bien, mais ce qui compte vraiment au final c’est l’amélioration des résultats qui passe par une optimisation et donc une recommandation.
Les différents niveaux d’analyse que tu décris aussi est un point très important dont on parle peu. Recommander la modification de l’intitulé d’un bouton d’action n’est pas sur le même niveau que de recommander la baisse du budget media sur un canal d’acquisition particulier. (etc)
Bonjour François,
un énorme merci pour ton partage d’expérience !
Concret, clair et efficace (vivement la reprise des billets sur un certain blog qui parle d’aiguille et de botte de foin 😉 )
Je suis contente de voir que l’analyse est atteignable, ton exemple montre à quel point le facteur temps alloué à l’exercice est décisif.
Intéressant de proposer deux types de documents (reporting + analyse), je vais appliquer cette méthode rapidement je pense. Pour l’instant, j’ai plutôt une version reporting que je tente de parsemer d’analyses…
Mon cadre pro ne m’amène pas encore à l’ensemble de la chaine Observation > Analyse > Insight > Recommandation, mais je commence tout de même à appliquer le « So what », jalon après jalon. Tu as tout à fait raison, cela force à aller plus loin dans la réflexion.
Au plaisir de te relire bientôt
Carole